Face au manque de locations au Pays basque, la grande galère des … – BFM Immo

La région a connu une explosion du marché des meublés de tourisme ces dernières années. Nombre de saisonniers et de travailleurs en contrat court ne parviennent plus à se loger.
Contrats courts, raréfaction de l’offre locative et multiplication des meublés de tourisme: au Pays basque, l’équation est aussi insoluble pour les saisonniers que pour les travailleurs précaires, créant des difficultés de recrutement pour les entreprises locales.
Les offres d’emploi couplées à une solution de logement pour les travailleurs saisonniers représentent “une infime partie de l’offre”, explique Jean-Pierre Istre, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih).
“On est passés à côté de la problématique du logement sur la côte il y a quinze ans, quand en montagne on construisait des résidences dédiées au personnel”, poursuit-il.
Résultat, le recrutement est bien plus difficile. “Pour beaucoup de candidats, le logement est une condition sine qua none. L’an dernier, les restaurateurs ont eu des saisonniers qui dormaient dans leur voiture, ce n’est pas normal!”, ajoute-t-il.
Un internat scolaire comme logement
Acheter du foncier pour y loger ses propres employés serait “impossible”. “C’est trop cher pour les petites structures, et loger dans nos établissements, c’est aussi un manque à gagner”, explique le patron de l’Umih, qui précise que 95 % des 1100 professionnels adhérents dans les Pyrénées-Atlantiques sont des TPE et PME.
A Bayonne, cet été, l’internat scolaire d’un lycée est utilisé pour la première fois comme une solution collective. Depuis le 1er juillet et jusqu’au 31 août, moyennant 360 euros par mois ou 12 euros par nuit, les travailleurs temporaires peuvent y avoir un lit dans des chambres partagées.
“On a constaté qu’on avait des saisonniers mais aussi des travailleurs en galère, qui ont utilisé cette option comme un moment de répit après avoir dormi dans leur voiture ou squatté chez des connaissances”, explique Peio Jorajuria, responsable de l’établissement.
Anthony, 23 ans, est plongeur commis dans un restaurant bayonnais. “C’est très compliqué de trouver un appartement sur la côte” explique le jeune Basque, passé avant cela “par le 115”, le numéro d’hébergement d’urgence. “Après août, je n’ai pas encore de solution, je profite d’être ici pour y réfléchir, ça me stabilise. C’est le cas de plusieurs personnes ici.”
“On est déjà débordés de demandes”
La fondation Abbé Pierre estime que le nombre de personnes à la rue a doublé ces huit dernières années sur le territoire. Dans l’aéronautique ou le BTP, les difficultés sont les mêmes pour les personnels temporaires, en intérim, formation ou stage.
“Loger un travailleur saisonnier, ça intéresse qui? C’est quasiment un engagement sociétal”, résume Mikael Loyer, directeur d’In’li Sud Ouest, filiale d’Action Logement (l’ex-1% Logement, cogéré par patronat et syndicats). Le groupe porte un projet de “para-hôtellerie”, de 147 logements pour travailleurs temporaires, prévu pour 2024 à Anglet.
“On est déjà débordés de demandes, notamment de la part de grosses sociétés qui ont beaucoup recours aux intérimaires. Le problème saisonnier ne peut que s’amplifier”, poursuit-il.
Ce projet inédit, chiffré à 20 millions d’euros, est finançable grâce au 1% logement, la participation versée chaque année par les entreprises du secteur privé et du secteur agricole de plus de 50 salariés.
La moitié des postes pourvus
“C’est un juste retour de leur cotisation, on doit se servir de cet argent pour que ce financement ne soit pas remis en cause”, avance Mikael Loyer.
A Biarritz, en 2021, une auberge de jeunesse a également été cédée par la municipalité à un opérateur social avec l’intention d’y faire des logements saisonniers. La réhabilitation prévoit 68 chambres réparties en 50 logements.
Ces mesures développées localement correspondent aux grands axes mis en avant par le gouvernement dans son plan triennal pour les saisonniers, présenté au début de l’été. Il vise un objectif de 6000 saisonniers logés dans des résidence universitaires ou internats scolaires vides l’été en 2025. Il souhaite aussi qu’un millier de logements du parc social supplémentaire bénéficient à ces travailleurs.
En 2022, en France, le recrutement de saisonniers a baissé “de 30%” et sur 150.000 postes, “seule la moitié a été pourvue”, selon des chiffres des ministères du Travail et du Tourisme.