Marc Reuzé, le coach du HBA qui monte dans le paysage du demi … – Le Télégramme
Au lendemain des championnats de France Elite d’athlétisme, sur les réseaux sociaux des athlètes du Haute-Bretagne Athlétisme, les remerciements pleuvent. Troisième club français au bilan, le HBA termine sur une saison historique, qu’il doit notamment à un homme, Marc Reuzé, directeur de la performance, et entraîneur des coureurs, « du 100 m au 1 500 m, en passant par les haies hautes et basses ».
Marc Reuzé (39 ans) est un pur produit du HBA. Ancien coureur de 400 m « de niveau moyen », selon ses propres termes, au sein de la section d’Argentré-du-Plessis, il se tourne, il y a 17 ans, vers le coaching, chez les jeunes, puis les seniors. « J’ai commencé par le sprint, puis j’ai pris les haies et j’ai augmenté au fur et à mesure des opportunités », énumère-t-il. Il entraîne aujourd’hui plusieurs athlètes vers le très haut niveau, dont Léna Kandissounon et Agathe Guillemot, toutes les deux qualifiées pour les championnats du monde, à Budapest (*).
Un coach qui s’inspire des autres
De par la diversité des disciplines qu’il coache, le Breton n’a rien d’un entraîneur classique. « Ce qui me passionne, ce n’est pas l’entraînement d’une discipline. C’est de m’adapter, en fonction de qui j’ai en face de moi, et de savoir où trouver les bonnes infos pour faire progresser les personnes », décrit-il.
Sa particularité ? Il aime s’appuyer sur des entraîneurs plus spécialisés que lui pour trouver de nouvelles idées de séances. Pierre Carraz, ancien entraîneur de Christophe Lemaître, décédé en décembre 2022 ou Stéphane Diagana, champion du monde du 400 m haies, font par exemple partie des coachs qu’il a déjà appelés. « Le dernier en date, c’est Tim Moriau, l’entraîneur d’Hugo Hay (5 000 m). Léna (Kandissounon) était un peu bloquée à 2’02’’ sur 800 m et je n’arrivais plus à la faire progresser sur le foncier. Il m’a donné des conseils et j’en ai fait ma sauce interne. Après, j’ai créé des séances que j’appelle séances tampon inversé. Ne cherchez pas dans un livre, ça n’existe pas ! » rigole Marc Reuzé.
Progressions fulgurantes en 2023
On ne sait pas exactement en quoi consiste ces « tampons inversés », mais ils portent leurs fruits, puisque Léna Kandissounon est, pour la première fois, passée sous la barre des deux minutes au 800 m cette saison. Autres faits d’armes cette année : les progressions fulgurantes d’Agathe Guillemot, sur 1 500 m (-10 secondes en une saison) et Clara Liberman, sur 800 m (-6 secondes en une saison), qui les propulsent parmi les meilleures Françaises de leur discipline. Grâce à leur progression, Kandissounon et Guillemot sont, pour la première fois, au départ des championnats du monde.
Des résultats que les principales intéressées ne cessent de dédier à leur entraîneur. « Il est hyper important pour nous. Quand il n’est pas là sur les séances, c’est tout de suite différent », assure Agathe Guillemot.
Sa marque de fabrique, c’est peut-être l’originalité des séances. « Par la différence des athlètes que j’entraîne et des spécialités, je peux me permettre de jouer avec tout ce monde-là. Il arrive que Léna (Kandissounon) participe à des séances de sprint avec les sprinteurs. Je trouve ça intéressant que les disciplines se croisent. » Il n’est également pas rare qu’il fasse complètement changer les athlètes de discipline. Agathe Guillemot, qui avait débuté sa carrière comme heptathlète, du côté de Pont-l’Abbé (29), avait débarqué à Rennes pour faire du 400 m haies, puis elle a rapidement basculé sur du demi-fond.
« Si ce n’était que des plans de séance, ça prendrait moins aux tripes »
Ce changement, elle le doit aussi à sa relation avec Marc Reuzé, qui est extrêmement attentif à la personnalité de ses athlètes et à la création d’un groupe. « C’est vraiment quelque chose d’ancré dans le club. On travaille beaucoup à une dynamique de groupe, que des gens partagent une aventure ensemble. » Et ce, peu importe la discipline.
Pour les demi-fondeuses, la dernière aventure en date s’est déroulée à Périgueux (Dordogne), quand Marc Reuzé les a emmenées sur leur lieu de vacances, juste après les championnats de France. « C’était une bonne idée, ça nous a fait changer d’air », apprécie Agathe Guillemot. « On partage tellement de choses ensemble, c’est bien plus que de l’entraînement. C’est aussi ça qui fait le charme de l’aventure. Si ce n’était que des plans de séance, ça prendrait moins aux tripes », martèle-t-il.
Car son but premier est simple : que ses athlètes ne se lassent pas rapidement d’un sport qui peut être particulièrement ingrat. « J’aime qu’ils se demandent “mais qu’est-ce qu’il va pouvoir nous sortir comme séance encore”. Il faut qu’ils arrivent à trouver du plaisir à tout moment. »
Chez ses athlètes, le plaisir premier réside peut-être dans une vieille tradition du club, que Marc Reuzé s’efforce de perpétuer, celle des discours d’avant compétition. « Souvent j’essaie de casser les codes, de trouver un dénominateur commun pour un discours collectif. Les athlètes attendent ce moment pour se transcender. »
Avant leurs courses, aux Mondiaux, Agathe Guillemot et Léna Kandissounon ont certainement eu le droit à un discours personnalisé. On ne sait pas ce qui se dit, mais une chose est sûre, une fois la ligne d’arrivée passée, c’est vers lui qu’elles se sont tournées, certainement, pour le remercier.
(*) Engagée samedi, Agathe Guillemot a été éliminée en séries du 1500 m.