Sécurité internationale

Guerre en Ukraine : Marïnka, cité fantôme méthodiquement rasée … – Le Monde


Quand Sergyi a rejoint la 79e brigade ukrainienne en mars, sa femme a voulu comprendre où son mari allait combattre : Marïnka, dans le Donbass, dans l’est du pays. Sur les réseaux sociaux, les vidéos montraient une cité anéantie, un paysage de tremblement de terre, un chaos de ruines à perte de vue. Impossible d’imaginer qu’il y ait eu des rues, des maisons, des bacs à fleurs et des écoles. « J’ai dû confondre avec les images d’un film apocalyptique », s’est dit l’épouse.

Mais Sergyi lui a confirmé au téléphone : c’est bien là qu’il venait d’arriver. Il lui a répété les mots d’un instructeur à l’entraînement : en milieu urbain, un militaire dispose de moins d’une minute pour bouger d’une position à l’autre. Au-delà, sa survie est menacée. Dans le combiné, le mari avait glissé qu’à Marïnka, ce compte à rebours était encore plus court. Glacée, sa femme se souvient avoir alors pensé : « Dans quel état va-t-il me revenir, si jamais il revient ? »

Au Donbass, dans une bâtisse à l’arrière des combats, des militaires attendent de prendre la relève. Marïnka, c’est le lieu où la 79e brigade a connu les affrontements les plus sanglants, reconnaît le colonel Yaroslav Tchepournyi, son porte-parole. Pénétrer dans la ville est déjà un « acte héroïque », ils le savent tous. Dans ce bassin minier, la seule route vers le front accessible aux troupes ukrainiennes est surplombée de terrils, ces collines noires formées par les résidus de charbon. Tous sont tenus par l’armée russe, en position dominante.

Natalya Ivanivna, professeure de technologie à Marïnka, a dû fuir les bombardements. Elle est aujourd’hui réfugiée à Kourakhove (Ukraine), dans le Donbass, le 6 juillet 2023.
Barrage sur  la route entre Kourakhove et Marïnka. Le village de Maksymilyanivka est sur la ligne de front et  à 6 kilomètres de Marïnka, totalement détruit par les bombardements de l’armée russe, le 8 juillet 2023.
Un soldat de la 79e brigade d’infanterie de l’armée ukrainienne, à  Kourakhove,  dans la région du Donbass, le 5 juillet 2023.

Impossible, donc, pour la 79e brigade de faire entrer des chars ou même un véhicule. Pour assurer les rotations, les soldats doivent se faufiler de nuit, par petits groupes, et parcourir 4 km à pied avec 45 kg de matériel sur le dos. A la relève précédente, trois militaires sur cinq seulement ont réussi à rejoindre leur position. Blessés, les autres n’ont pu arriver au bout du chemin.

Rien pour se cacher

Aujourd’hui, à mesure que la contre-offensive ukrainienne s’enracine sur le front sud, les combats se durcissent à l’est, particulièrement féroces dans des localités comme Marïnka, où les Russes tentent une percée. L’issue de la guerre, pourtant, ne se joue pas ici, et le colonel Tchepournyi irait même jusqu’à dire que la localité en soi n’est pas de la plus haute importance. « Mais on ne peut pas se permettre de reculer. Dans cette partie du Donbass, si un seul point bouge, c’est toute la ligne de défense qui est déstabilisée. Et la porte s’ouvre pour l’ennemi. » Alors, dans cette cité fantôme, coupée en deux par le front, il faut tenir, coûte que coûte.

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Lucas Leclerc

Tel un mélodiste des pixels, je suis Lucas Leclerc, un Compositeur de Contenus Digitaux orchestrant des récits qui fusionnent la connaissance et l'imagination. Mon passage à l'Université Catholique de Lyon a accordé une symphonie à ma plume. Telle une partition éclectique, mes écrits se déploient des arcanes de la sécurité internationale aux méandres de la politique, des étoiles de la science aux prédictions des bulletins météo. Je navigue entre les lignes avec la même aisance qu'un athlète soucieux de sa santé. Chaque article est une note de transparence, une mélodie d'authenticité. Rejoignez-moi dans cette composition numérique où les mots s'entremêlent pour former une toile captivante de connaissances et de créativité, où la sécurité mondiale danse avec les étoiles, où les sphères politiques se fondent avec la météorologie, et où chaque paragraphe est une sonate pour la compréhension globale.

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