Niger : la transition « ne saurait aller au-delà de trois ans », assure … – Le Parisien

Le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani, arrivé au pouvoir par un coup d’État, a assuré ce samedi soir que la période de transition ne pourrait pas excéder trois ans tout en mettant en garde les pays étrangers contre une intervention militaire contre son pays.
« Notre ambition n’est pas de confisquer le pouvoir », a déclaré le chef du régime lors d’une allocution télévisée, précisant que la durée de la transition « ne saurait aller au-delà de trois ans ». « Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient », a-t-il mis en garde, au lendemain d’une décision de la Cédéao se disant prête à une intervention armée.
Plus tôt dans la journée, une délégation ouest-africaine est arrivée à Niamey pour trouver une solution à la crise au Niger. Conduite par l’ancien président nigérian Abdulsalami Abubakar, elle a rencontré Mohamed Bazoum, président renversé par un coup d’État fin juillet et retenu prisonnier.
L’ancien président rencontré par la délégation
Mohamed Bazoum « a le moral », a assuré une source au sein de la Cédéao, précisant que le président déchu n’a « toujours pas » d’électricité. Ses conditions de détention inquiètent la communauté internationale et de nombreux pays, comme les États-Unis ou la France, ont régulièrement appelé à sa libération depuis le coup d’État.
La délégation de la Cédéao a aussi pour la première fois rencontré le Premier ministre nommé par les militaires, Ali Mahaman Lamine Zeine. Le 3 août dernier, Abdusalami Abubakar s’était déjà rendu à Niamey au nom de l’organisation mais n’avait pu rencontrer ni le nouveau Premier ministre, ni le putschiste Abdourahamane Tiani, ni le président renversé. Selon la source de l’organisation ouest-africaine, la délégation a également rencontré certains responsables militaires qui ont pris le pouvoir le 26 juillet, sans préciser si les émissaires ouest-africains avaient échangé avec le général Tiani.
Cette médiation diplomatique survient au lendemain d’une annonce de la Cédéao qui s’est dite prête à utiliser la force pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. « Nous sommes prêts à intervenir dès que l’ordre sera donné. Le jour de l’intervention a aussi été fixé » a précisé le commissaire aux Affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’organisation régionale, Abdel-Fatau Musah à l’issue d’une réunion de deux jours des chefs d’état-major ouest-africains à Accra.
Une délégation de l’ONU également présente à Niamey
Cette option militaire est brandie par la Cédéao depuis plusieurs semaines. Le 10 août, les dirigeants ouest-africains avaient ordonné le déploiement d’une « force en attente », dont les contours ont été dessinés vendredi à Accra. Ni les modalités ni un éventuel calendrier n’ont toutefois été rendus publics.
Une autre initiative diplomatique a eu lieu ce vendredi, cette fois avec l’ONU. Le nouveau Premier ministre nigérien s’est entretenu avec une délégation des Nations Unies conduite par Leonardo Santos Simão, le représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Sur la possibilité d’un rétablissement de la légalité constitutionnelle, le représentant onusien a déclaré « Nous sommes convaincus que c’est toujours possible par le dialogue ».
Ce samedi, selon une source porche du dossier, citée par l’AFP, la France qui déploie quelque 1500 soldats, a été sollicitée dans les heures qui ont suivi le coup d’État le 26 juillet pour apporter son appui à une éventuelle intervention de l’armée nigérienne en vue de libérer le président renversé Bazoum. « Mais les loyalistes ont changé de camp et rejoint les putschistes. Les conditions n’étaient donc pas réunies pour satisfaire cette demande d’appui », a précisé la source.