Fini l’avion : quand les sportifs de haut niveau s’engagent, au … – Novethic.fr

De plus en plus de sportifs font une croix sur certaines compétitions en même temps que l’avion. Mais s’il n’y a pas de char à voile en remplacement, comme le proposait ironiquement l’entraîneur du Paris-Saint-Germain, ces sportifs de regrettent rien. Ils trouvent des compromis pour poursuivre leur carrière et inventent de nouveaux modèles plus durables pour le sport.
Innes FitzGerald, jeune prodige britannique du demi-fond surnommée la “Greta Thunberg de l’athlétisme”, a demandé à sa Fédération de ne pas la sélectionner pour les Championnats du monde de cross en Australie.
Participer au “Marathon des îles” en Guadeloupe, s’envoler pour un ultra-trail dans les rizières de Chine puis conclure l’année (et le tour du globe) par une compétition internationale dans les Alpes. C’est le rythme de vie aussi exaltant que carboné de nombreux sportifs de haut niveau. “Nous émettons environ 25 tonnes de CO2 par an contre un objectif de 2 tonnes pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré”, explique à Novethic Xavier Thévenard, champion français de trail.
Face à cela, de plus en plus de sportifs choisissent d’abandonner l’avion : exit les compétitions Outre-Atlantique ou les trails au bout du monde. Xavier Thévenard, détenteur du grand chelem de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, le rendez-vous incontournable du trail, a fait ce choix depuis quelques années. “Je me suis rendu compte que je détruisais l’environnement que j’aime, la montagne”, témoigne-t-il auprès de Novethic.
D’autres n’ont pas ce palmarès et n’hésitent pas à mettre un coup de frein à leur carrière. C’est le cas d’Innes FitzGerald, jeune prodige britannique du demi-fond surnommée la “Greta Thunberg de l’athlétisme” par plusieurs médias. En février 2023, à seulement 16 ans, elle a demandé à sa fédération de ne pas la sélectionner pour les Championnats du monde de cross en Australie à cause du lourd bilan carbone du voyage. Pour les compétitions plus proches, elle ne prend plus que le train ou le bus comme elle l’a fait en décembre 2022 pour se rendre au Championnat d’Europe à Turin en Italie.
“Nous sommes écoutés”
“J’avais 9 ans quand l’accord pour le climat de la COP21 de Paris a été signé. En huit ans, les émissions globales n’ont cessé d’augmenter, nous envoyant sur le chemin d’une catastrophe climatique” écrit la jeune anglaise dans une lettre publiée par le magazine Athletics Weekly. Un écho à la lettre ouverte signée par plus de 300 sportifs olympiques britanniques en 2020 pour demander au gouvernement de prioriser l’environnement à la sortie du Covid-19.
Ces prises de conscience contrastent avec l’attitude moqueuse du footballeur Mbappé et de son entraîneur lorsqu’ils ont été interpellés pour leur usage du jet privé. “Nous avons un rôle à jouer, nous sommes écoutés comme des stars de cinéma alors que les scientifiques les plus expérimentés ne le sont pas toujours”, souligne Xavier Thévenard. Dans cette optique, le champion de trail Andy Simonds détaillait, en septembre 2022, pourquoi il a refusé de participer aux championnats organisés en Thaïlande. “Mon empreinte carbone pour 2022 sera d’environ 6,3 tonnes équivalent CO2, ce qui est déjà trop”, écrit-t-il sur Instagram.
Hormis le refus de compétitions lointaines, d’autres engagements moins impactant pour la carrière sont également efficaces pour réduire les émissions. Le plus notable est celui des voyages pour des stages d’entrainement à l’étranger. Fréquemment proposés par les fédérations, ils pèsent lourd dans le bilan carbone. “S’il est difficile d’agir au niveau des compétitions, encadrées par les fédérations, nous avons le choix au niveau des stages” témoigne Xavier Thévenard. Et d’avancer : “il faudrait limiter le nombre de vols à un par an ou bien limiter l’empreinte carbone annuelle”.
Réinventer les compétitions sportives
Pour sensibiliser ses confrères, le sportif anime des fresques du climat. La dernière en date s’est tenue début août à Chamonix lors de l’évènement “Sport for Future” en compagnie de scientifiques de renom comme la glaciologue Heidi Sevestre. En plus des aspects écologiques, le sportif met en avant les points positifs de son engagement comme la redécouverte des richesses des paysages en France ou encore les partenariats noués avec des marques éco-responsables.
Au-delà de l’engagement individuel, parfois vu comme un sacrifice, ces sportifs remettent en cause certaines valeurs du monde sportif. Le champion de trail propose de “limiter les compétitions internationales” et d’en créer plusieurs locales à la place. C’est aussi l’avis du navigateur Stan Thuret, qui a annoncé, au micro de France Inter, mettre un terme à sa carrière professionnelle de skipper, un métier qui selon lui n’est “plus soutenable”. Il reproche aussi le manque de durabilité des bateaux, conçus avec beaucoup de légèreté afin de privilégier la vitesse. Face à cela, il propose de réinventer l’objectif ultime de vitesse pour retrouver la poésie de la mer.