L’été très niçois d’Éric Ciotti… aux allures de campagne électorale – Le Parisien

Au mois d’août, Éric Ciotti s’est plongé dans les « Journaux de voyage » d’Albert Camus. Le Prix Nobel de littérature y raconte ses passages aux États-Unis et en Amérique du Sud. Ce sera bien le seul périple du député (LR) des Alpes-Maritimes en cette période estivale, resté, lui, cramponné au département qui l’a vu naître. Au programme : des moments de repos, des randonnées avec ses filles dans l’arrière-pays niçois. Mais aussi (surtout ?) une quasi-omniprésence sur ses terres électorales.
Plus d’une quinzaine de déplacements entre la fin juillet et la mi-août : entre inaugurations diverses et fêtes patronales traditionnelles des villages qui peuplent le département. « Il y a 28 communes dans le canton où il est élu. Il va à peu près à toutes les fêtes de l’été », assure un proche. Ça, et Nice, d’où il tient son siège de député des Alpes-Maritimes. Un coup pour célébrer une association locale, un mariage ou participer au traditionnel défilé de l’Assomption.
Le député saisi la moindre actualité pour mettre en cause son principal rival local, ancien ami devenu ennemi juré, le maire (Horizons) Christian Estrosi. Que ce soit pour des problèmes de deal dans une cité où l’installation de deux tentes sur la promenade des Anglais, que Ciotti a qualifiées de « camp de Roms ». « Le maire et le préfet ne peuvent continuer de tolérer cette situation insupportable ! », a aussitôt vilipendé le président du parti Les Républicains, obligeant l’équipe municipale à réagir. « Il est dans l’agitation effrénée, il saute sur tous les ballons. C’est surfait… », tacle un élu local, persuadé qu’il n’a aucune chance de prendre la ville. Fin juillet, il avait rencontré Élisabeth Borne à Matignon en tant que patron de la droite… et n’a communiqué que sur les sujets locaux niçois qu’il aurait évoqués avec elle.
Un duel avec Christian Estrosi n’est jamais très loin
C’était un secret de polichinelle niçois, mais Ciotti a affirmé publiquement dans l’émission « Quotidien » qu’il se « préparait » d’ores et déjà aux municipales 2026, espérant ravir la mairie à Estrosi. Dès lors, toute occasion est bonne pour tenter d’égratigner l’image de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy.
Hasard ? Le Niçois a choisi d’installer sa première rentrée politique comme patron de LR à Levens, juste au nord de la Riviera, là où il tenait déjà traditionnellement un grand banquet depuis quelques années. « Personne n’ignore le contexte local », sourit un haut cadre de LR. Sous-texte : Ciotti a à cœur de gonfler ses muscles de chef de la droite… Quelques jours seulement avant la rentrée d’Estrosi, qui tient son « festin niçois » le 1er septembre.
L’an dernier, le banquet ciottiste revendiquait 4 000 militants, sympathisants ou élus ; l’entourage du député en promet encore davantage cette année. « Pourtant, à Levens, les sympathisants paient leur repas (15 euros) ! À Paris, il faut préciser qu’il y aura un apéro gratuit pour les faire venir… », s’étonne un haut cadre. Manière de glisser que, dans les Alpes-Maritimes, Éric Ciotti a la cote. « Il veut juste donner de l’ampleur à sa rentrée personnelle », peste un député LR, qui boudera la sauterie. « Ce sera une preuve de plus de sa force de frappe », rétorque à l’inverse l’eurodéputé et secrétaire général adjoint Geoffroy Didier. Laurent Wauquiez, qui ne cache pas son ambition présidentielle, devrait d’ailleurs s’y rendre.
Ces dernières années, la fédération LR des Alpes-Maritimes, que préside Ciotti, jouait des coudes avec celle de Paris pour la première place en nombre d’adhésions. La droite y possède encore cinq députés sur neuf. « Si la France était à l’image des Alpes-Maritimes, on aurait la majorité absolue », a l’habitude de se targuer le chef de file des LR. Même si, ici comme ailleurs, elle s’est affaiblie aux dernières élections.
Les prochaines, européennes, qui vont occuper Ciotti jusqu’en juin prochain, en diront un peu plus sur l’avenir de la droite. Si elle résiste encore ou continue de s’effacer du jeu politique. Un autre voyage pour le Niçois, celui-là vers l’inconnu.