Avec ses chorégraphies parfaite, son spectacle visuel à couper le souffle et ses compétences physiques si époustouflantes que l’on se demande si nous appartenons tous à la même espèce, l’attrait universel du film d’arts martiaux se résume à une vérité simple : regarder quelqu’un mettre une raclée à des méchants, pour l’amour de l’art, est l’une des plus grandes joies du cinéma. Mais il y a plusieurs niveaux : autant d’approches stylistiques et de genres qu’il y a de pratiques d’arts martiaux sur terre. Des légendes aux classiques, du wuxia élégant à la comédie kung-fu, voici 10 chefs-d’œuvre d’arts martiaux qui vous raviront. Allez-y.
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10. Le Maître chinois (1978)
Véritable référence, Le Maître chinois a propulsé Jackie Chan sur le devant de la scène. On lui attribue également le lancement du genre de la comédie de kung-fu, qui marie les prouesses des arts martiaux à une hilarité physique parfaite. Chan incarne l’emblématique Wong Fei-hung, qui s’entraîne auprès d’un mendiant alcoolique connu sous le nom de Maître ivre, afin d’apprendre son style de combat caractéristique : Le “Zui quan”, ou boxe de l’ivrogne, est un style qui imite les mouvements des personnes en état d’ébriété et qui remonte aux débuts du taoïsme – mais il a depuis été immortalisé dans la culture populaire par le Maître ivre et ses nombreux dérivés.
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9. Ip Man 2 (2010)
Ip Man n’est pas l’acronyme de Internet Protocol Man, ni de Intellectual Property Man. C’est le nom d’un maître légendaire de Wing Chun, un style de combat rapide et rapproché, réputé pour son efficacité et non sa flamboyance, qui fut aussi le professeur de Bruce Lee. Donnie Yen porte cette icône des arts martiaux sur grand écran dans la série de films éponyme Ip Man. À l’instar du style d’arts martiaux qu’il pratique, l’humilité souriante et sereine d’Ip Man dissimule une habileté insondable. Ip Man 2 oppose cette âme douce à des injustices si révoltantes que l’on ressent chaque coup porté sur ce ring de boxe. Il bat un méchant boxeur blanc ! Au diable le colonialisme ! C’est tellement bon !
À voir en VOD.
8. Le Secret des poignards volants (2004)
Nous ne cesserons de le répéter : Zhang Yimou est le GOAT. Le nom de l’auteur chinois devrait réapparaître dans cette liste, mais il arrive en tête avec Le Secret des poignards volants, un wuxia d’une élégance et d’une beauté saisissantes qui se transforme rapidement en romance. Zhang Yimou est à l’origine de certains des plus grands films de wuxia jamais réalisés, et c’est un témoignage de son génie qu’il soit capable de subvertir ces attentes ici, en faisant des arts martiaux un vaisseau visuel et artistique pour une grande histoire d’amour. C’est très beau, tout comme Takeshi Kaneshiro et Zhang Ziyi.
7. Matrix Reloaded (2003)
La franchise Matrix est la fière héritière de certaines des meilleures séquences d’arts martiaux jamais filmées par Hollywood. N’est-il pas glorieux qu’une série dystopique de science-fiction qui oppose des humains à des robots comporte également certains des décors d’arts martiaux les plus cool de tous les temps ? On pense tout particulièrement à Matrix Reloaded. Le combat de Neo contre Seraph avant de rencontrer l’Oracle, puis le combat de Neo contre des centaines d’Hugo Weaving, juste après avoir rencontré l’Oracle, figurent parmi les scènes d’arts martiaux les plus cool de tous les temps. Le combat dans l’escalier de l’appartement des Mérovingiens ? Inoubliable. Stylisé avec une apesanteur informatique dans un vert cybernétique, ce film nous fera toujours scander “hell yeah, hell yeah, Keanu Reeves” sur nos écrans.
À voir sur Netflix et Prime Video.
6. Peking Opera Blues (1986)
Peking Opera Blues de Tsui Hark est l’un des films les plus drôles jamais réalisés. La fille rebelle d’un général corrompu, qui se travestit et se pâme, complote contre lui ; une femme cherche une boîte de bijoux qu’on lui doit ; et la fille de l’impresario de l’opéra rêve de monter sur scène. À la fois drôle à mourir de rire et immensément intelligent, il utilise le concept central de l’Opéra de Pékin, où les femmes ne pouvaient être jouées que par des hommes, pour imaginer une aventure sauvage pleine de tromperie, de travestissement, de rébellion politique et de scènes de combat inoubliables.
5. Tigre et Dragon (2000)
Peut-être LE film d’arts martiaux par excellence. Même pour ceux qui ne se considèrent pas comme des aficionados du genre, l’impact culturel de Tigre et Dragon est difficile à surestimer. Ce wuxia taïwanais a été le premier film en langue étrangère à dépasser les 100 millions de dollars au box-office américain et reste aujourd’hui largement cité comme l’un des plus grands films du 21ème siècle. Avec Michelle Yeoh, Zhang Ziyi, Chow Yun-fat et Chang Chen, le chef-d’œuvre d’Ang Lee est un véritable opéra, tant sur le plan visuel qu’émotionnel. Une célébration de la beauté visuelle de l’art de l’épée.
4. A Touch of Zen (1971)
A Touch of Zen, en revanche, s’est effondré au box-office lorsqu’il est sorti près de trente ans avant Tigre et Dragon. Même si l’influence du chef-d’œuvre de wuxia de King Hu est omniprésente sur son contemporain. À la fois histoire de fantômes, mythe bouddhiste et épopée sur l’art du sabre, cette œuvre d’une beauté inoubliable est le wuxia dans ce qu’il a de plus convaincant et de plus tranchant. Une méditation sur l’honneur, la justice et la nature humaine.
À voir en VOD.
3. Shadow (2018)
Zhang Yimou est généralement associé à son utilisation luxuriante de la couleur (plus d’informations à ce sujet prochainement, avec le film suivant), alors lorsque Shadow 2018 est sorti en 2018 en noir et blanc. Il n’a pas été tourné en noir et blanc, mais ses accessoires, ses costumes et ses décors ont tous été rendus en niveaux de gris. Le résultat est stupéfiant. Le dépouillement de la couleur ne fait que souligner la maîtrise esthétique de Zhang Yimou. Shadow peint un champ de bataille comme si chaque épée était un pinceau chargé d’encre. Il y a aussi une scène où les gens utilisent leurs parapluies comme armes pour se transformer en shurikens humains et dévaler les routes sous une pluie battante. A-t-on besoin d’en dire plus ?
À voir en VOD.
2. Hero (2002)
C’est peut-être le film le plus visuellement splendide de Zhang Yimou, et ce n’est pas peu dire. D’une beauté époustouflante, Hero raconte l’histoire d’un homme sans nom, arrivé au palais pour affirmer qu’il a tué trois assassins qui cherchaient à assassiner le roi. Sa structure à la Rashomon raconte l’histoire du point de vue de chaque assassin, ainsi que l’histoire principale de notre protagoniste sans nom. L’originalité : chaque perspective est imprégnée d’une couleur différente. Par exemple, les flashbacks sont racontés en vert tandis que les blancs sont censés symboliser la vérité ultime. Ce wuxia synthétise l’élégance poétique et visuelle des arts martiaux pour raconter des histoires épiques menées par quelques personnages. Hero est un film parfait.
1. Green Snake (1993)
Lorsque vous regardez Green Snake, vous n’avez pas d’autre choix que d’être submergé par l’idée que “c’est exactement à cela que servent les films”. Reprenant un conte populaire chinois sur deux sœurs esprits-serpents (interprétées par Maggie Cheung et Joey Wong) qui s’entraînent depuis des siècles à prendre forme humaine, le conte fantastique de Tsui Hark est splendide dans l’usage de ses couleurs, mais aussi exaltant par la façon dont la caméra s’envole, flotte et glisse sur des tapisseries de tissus magiques. C’est un chef-d’œuvre dans le genre du wuxia, immensément émouvant et complexe sur ce que signifie être humain, sur l’amour, le désir, la rédemption, la punition et le pardon. Totalement captivant, radicalement beau.
À voir en DVD.
Initialement publié sur British GQ
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