Le « pain trade » est devenu baissier, selon la banque d … – Investir

Le « pain trade », dans sa forme actuelle, a du plomb dans l’aile. De l’avis de Chris Wood, le stratégiste actions en chef de la banque américaine d’investissement Jefferies, réputé pour sa newsletter « Greed & Fear » (avidité et peur, en français, soit émotions primaires qui dominent les marchés), les paris en Bourse contre la récession se prennent, actuellement, un gros vent de face. Peut-être n’est-il plus aussi judicieux pour un investisseur d’acheter stratégiquement dans le seul but de se positionner comme contrariant face à une horde de Cassandre si sûre qu’une contraction de l’économie attend les Etats-Unis au tournant. Des Cassandre qui, pour la plupart, pour éviter de prendre des risques, ne se positionnent pas à la baisse mais se contentent simplement de ne rien faire, de ne pas acheter d’actions.
Le « pain trade » ou « commerce de la douleur » explique pourquoi, malgré les anticipations de récession dans la première économie mondiale, la Bourse a continué de grimper dans le vide pendant des mois. Des petits rusés ont placé leurs billes en mettant dans la balance que si la menace qui pesait sur la croissance des bénéfices des entreprises ne se matérialisait pas, la Bourse, dans son ensemble, réajusterait le tir et les indices et actions s’envoleraient, ne serait-ce que parce que les tenants de positions baissières devraient se racheter en catastrophe.
Monsieur « Greed & Fear » constate, dans la dernière édition de sa newsletter envoyée aujourd’hui aux clients de la banque, que « le Nasdaq 100 a clôturé mercredi sous sa moyenne mobile à 50 jours pour la première fois depuis le 10 mars ». Il rappelle aussi que « la période de l’année traditionnellement baissière pour les actions approche, à savoir septembre et octobre. »
Chris Wood met également en avant que « la dernière enquête mensuelle de de Bank of America auprès des gestionnaires de fonds publiée mardi est la moins baissière depuis février 2022, juste avant le resserrement de la politique monétaire de la Fed », ce qui rend le pari contrariant moins tentant. Le « swing », le changement soudain de direction en Bourse, n’en sera que moins brutal.
L’IA a atteint son apogée
Et si les gérants se remettent à acheter des actions, sur le constat que, finalement, l’économie américaine reste en pleine forme quand bien même les taux d’intérêt là-bas sont passés de 0% à plus de 5% en moins d’un an et demi, le « pain trade » a changé de camp, il pousse à se positionner à la baisse. Ceux qui ne croient plus à une récession aux Etats-Unis et se mettent donc à acheter des actions peuvent encore se tromper, ce qui provoquerait une chute de la Bourse.
Le retournement à la baisse est d’autant plus crédible que Chris Wood observe une rotation sectorielle hors des valeurs technologiques, les investisseurs préférant vendre les actions du thème de l’intelligence artificielle pour acheter des actions d’entreprises cycliques, comme celle du secteur de l’énergie. Or, « le secteur de l’énergie ne représente encore que 4,3% de la capitalisation boursière de l’indice S&P 500. »