Crise du logement au pays: le réveil des gouvernements est tardif… – Le Journal de Montréal

Au Québec et dans le reste du pays, la crise du logement sévit depuis des années. Parce que les décideurs politiques, tous paliers confondus, l’ont niée jusqu’à tout récemment, le résultat est à l’avenant. Plus le temps passe, plus la crise s’envenime.
On a laissé le «libre» marché locatif monter les prix jusqu’à l’absurde. On a aussi longtemps fermé les yeux sur la multiplication des Airbnb, privant ainsi le dit marché de nombreuses unités.
Bref, il ne manque pas d’appartements hyper chers. Pour la moyenne des locataires, la vraie pénurie est celle de logements abordables et de qualité.
De retour de vacances, des leaders politiques semblent enfin s’en rendre compte. Mieux vaut tard que jamais, comme dirait l’autre. N’empêche que leur réveil est drôlement tardif.
Cette semaine, le premier ministre François Legault a dit reconnaître «qu’il faut en faire plus» pour les moins nantis et la mythique classe moyenne. «Il y a des augmentations de prix de loyer puis des augmentations des taux d’intérêt hypothécaires qui sont élevés, a-t-il ajouté, on est en train de regarder les mesures qu’on peut ajouter.»
Mesures connues
Certaines «mesures» sont pourtant connues depuis un bail, sans jeu de mots. Création d’un registre des prix des loyers. Interdiction des rénovictions abusives. Construction accélérée de logements sociaux et abordables. Fin (pour vrai) des Airbnb illégaux.
Rénovation d’édifices abandonnés (chaque grande ville au Canada en a plusieurs). Respect du droit acquis des locataires à céder leur bail. Subventions aux propriétaires prêts à rénover leurs unités sans jeter leurs locataires à la rue. Etc.
Pour ce faire, chaque palier de gouvernement, dont les municipalités, a son rôle à jouer. Chacun doit délier les cordons de sa bourse. Chacun doit faire preuve de courage et d’imagination. Sinon, nous fonçons tête première vers une crise sociale majeure.
Au Québec, les loyers de moins de 2000$/mois sont aussi rares qu’un chien dans un jeu de quilles. Comment voulez-vous que les gens arrivent aussi à se nourrir adéquatement? Et c’est encore pire pour les gens qui vivent seuls.
Dit autrement, la crise du logement est également une crise de santé publique. Sur ce constat, je persiste et signe depuis des années. Quand on sait dans quel état piteux nos réseaux de santé se retrouvent, l’inquiétude monte d’autant plus.
Se réveiller de force
Face aux conservateurs de Pierre Poilievre qui, en montée dans les sondages, font aussi de cette crise un de leurs principaux thèmes pré-électoraux, le premier ministre Justin Trudeau se réveille de force à son tour.
En juillet, sa nomination de Sean Fraser comme ministre du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités en est le premier indice. Homme de confiance de M. Trudeau, saura-t-il jouer un rôle important face à la crise du logement et de l’immobilier?
Dans les faits, le pire danger qui nous guette, hormis le prix élevé à payer pour l’inaction des gouvernements ces dernières années, serait de voir les premiers ministres et les maires s’enfermer dans leurs tours d’ivoire et leurs juridictions respectives.
Ce qu’il faut, bien au contraire, serait plus de collaboration, de concertation et d’action.
Comme le rapportait La Presse, Tim Houston, premier ministre de la Nouvelle-Écosse et président actuel du Conseil de la fédération, a d’ailleurs écrit à M. Trudeau.
S’inquiétant de la crise de l’habitation – logement et immobilier combinés –, il lui demande une rencontre avec les premiers ministres provinciaux sur le financement des infrastructures stratégiques.
Il faut en effet agir. Le faire bien et rapidement. Nos gouvernements sauront-ils se montrer à la hauteur d’un des plus grands défis auxquels le pays doit faire face? Bien malins les devins…