Au Niger, le nombre d’attaques djihadistes augmente depuis le coup … – Le Monde

Trois semaines après le coup d’Etat, les causes profondes ou les motivations opportunistes qui ont conduit des officiers supérieurs de l’armée nigérienne à déposer, le 26 juillet, et à priver de liberté le président de la République du Niger, Mohamed Bazoum, restent à déterminer.
L’un des motifs invoqués par les putschistes de Niamey – comme il le fut ces derniers mois par d’autres militaires putschistes au Mali et au Burkina Faso – pour justifier leur coup de force est la « dégradation continue de la situation sécuritaire ». Mais il résiste difficilement à l’analyse des données recueillies sur le terrain ces derniers mois.
Lourd tribut payé par la garde nationale
Au Niger, la succession des attaques islamistes enregistrées depuis le coup d’Etat ne permet certes pas d’établir un lien de cause à effet définitif, mais elle soulève un certain nombre d’interrogations. Mardi 15 août, un détachement des forces spéciales nigériennes est tombé dans une embuscade sur la route nationale reliant les localités de Boni et de Torodi, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Niamey, en direction de la frontière avec le Burkina Faso. Selon un bilan provisoire du ministère de la défense nigérien, au moins dix-sept soldats ont été tués et vingt autres blessés. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière des dernières semaines. L’avant-veille, dimanche, six soldats de la garde nationale avaient été tués aux alentours de Tillabéri, principale zone insurrectionnelle située dans la région dite « des trois frontières », aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
La garde nationale paie le plus lourd tribut dans les assauts lancés ces dernières semaines par les insurgés islamistes depuis que les unités combattantes habituellement déployées sur le terrain ont été rappelées à Niamey au cas où des forces armées régionales viendraient à intervenir pour « restaurer l’ordre constitutionnel », comme la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a menacé de le faire.
Dans une lettre publiée, le 3 août, par le quotidien américain Washington Post, Mohamed Bazoum, retenu prisonnier à son domicile depuis le coup d’Etat, dénonçait les « fausses affirmations » des putschistes selon lesquelles ils auraient « agi pour préserver la sécurité du Niger ». « En fait, écrivait-il, la situation sécuritaire au Niger s’est radicalement améliorée. Dans le Sud, où nous faisons face au groupe terroriste Boko Haram, il n’y a eu presque aucune attaque en deux ans, et des réfugiés retournent dans leurs villages (…). Dans le nord et l’ouest du pays, nous n’avons là encore subi aucune attaque majeure depuis que j’ai été élu en 2021. »
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