Interdiction des vélos en centre-ville d’Agen : Chez les livreurs, c’est un sentiment « de discrimination » qui prédomine – Sud Ouest

C’est un visage bien connu du centre-ville agenais. Coursier depuis trois ans pour un service de livraison de plats cuisinés, Hakan ne s’en cache pas : « Je continue à emprunter le boul’, malgré l’interdiction. Quand je vois la police, je change de rue, c’est un jeu du chat…
C’est un visage bien connu du centre-ville agenais. Coursier depuis trois ans pour un service de livraison de plats cuisinés, Hakan ne s’en cache pas : « Je continue à emprunter le boul’, malgré l’interdiction. Quand je vois la police, je change de rue, c’est un jeu du chat et de la souris. » Moins par provocation, à ses yeux, que par nécessité : « Le vélo, c’est mon outil de travail. Et 90 % de mes livraisons me font obligatoirement passer par le boulevard. Je n’ai pas le choix. Il y a quelques jours, j’ai eu une livraison de La Mie Câline jusqu’au niveau du Micromania. Je fais tout ça à pied ? »
Parcourant une centaine de kilomètres par jour, pour plusieurs dizaines de livraisons, ne pas y passer « est une perte de temps, de chiffre d’affaires…. Et puis, des détours, ce sont des kilomètres en plus, alors que c’est déjà un métier fatigant ». Au-delà de l’interdiction, c’est le sentiment d’injustice qui prédomine : « On se sent discriminés ! Pourquoi les postiers ont droit à une dérogation, et pas nous ? Nous n’avons pas du tout été concertés à ce sujet. »
Recours judiciaire
Enfreindre l’arrêté municipal, c’est s’exposer, comme Hakan, à une amende : « J’ai pris deux fois une amende de 150 euros. Quand ça arrive, ta journée de travail est foutue. » S’il reconnaît l’intérêt de cette décision dans des rues étroites (Émile-Sentini, Molinier, Voltaire…), « le boulevard, lui, est large, et on peut largement anticiper les déplacements des piétons ». Lui qui a été percuté à l’arrière par une voiture, rue Montesquieu, l’estime ainsi « plus sûr ».
Au-delà, la question de la place donnée au vélo à Agen le questionne : « Pour les cyclistes, rien n’est adapté, c’est un désastre : on demandait une voie cyclable sur le boulevard, le maire n’a rien voulu savoir. Tu veux rendre ta ville écologique, et tu coupes une partie de la ville aux vélos ? Il faut faire de la prévention, pas attendre qu’il y ait un accident pour agir. » Il a déposé un recours devant le tribunal administratif de Bordeaux pour casser l’arrêté. Avec l’espoir, mince, de faire jurisprudence.