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Comment le gravel bouscule le marché du vélo – Les Échos


La petite histoire raconte que c’est presque par hasard que serait né le gravel. Dans une Amérique si vaste qu’il est bien difficile d’y entretenir l’asphalte sur des millions de kilomètres de routes, les services de la voirie ont fini par privilégier un revêtement fait de gravillons et de terre sur le réseau secondaire. Pour les cyclistes Yankee, le choix était donc souvent soit de rouler sur des nationales bitumées mais chargées de voitures… soit d’emprunter des chemins de traverse mal entretenus dont les petits cailloux prenaient un malin plaisir à crever leurs fins pneus.

C’est pour pouvoir pédaler sans risque de crevaison que certains auraient eu l’idée, dans les années 1990, d’équiper leur vélo de course de pneus plus larges et moins lisses. Le gravel, vélo hybride à mi-chemin entre un vélo de route et un VTT, était né.

Un vrai marché

Quelques décennies plus tard, ce qui n’était au départ qu’une niche s’impose comme l’un des segments en plus forte croissance de l’univers de la petite reine. Pour les fabricants et les vendeurs de deux-roues à pédales, les organisateurs de compétitions, de cyclo-sportives comme de voyages, ce cousin plus confortable que le cyclo-cross, moins lourd qu’un « mountain bike », plus passe-partout qu’un vélo de course, n’est pas un simple relai de croissance mais bien un nouveau marché à lui tout seul.

« C’est bien simple, les gravels sont désormais les modèles que l’on vend le plus, reconnaît Gary Anssens, le patron d’Alltricks, champion français de l’e-commerce dédié au cycle. Mon problème est même d’être capable de faire face à la demande… Les fabricants ont été pris de court par ce succès. » Car, s’il y a encore quelques années, vendre un gravel nécessitait un travail d’explication, aujourd’hui, porté par l’engouement post-Covid pour le vélo, de plus en plus de clients arrivent en sachant déjà ce qu’ils veulent.

Un vélo polyvalent permettant à la fois de rouler le week-end, sur route comme en forêt, ou d’être utilisé en semaine pour se rendre au travail en roulant sur des pavés ou en montant et en descendant les trottoirs. Léger, robuste, maniable et souvent moins cher et plus looké que les vélos de route ou les VTT ultra-équipés de composants coûteux pour gagner en poids ou en souplesse, le gravel s’impose comme le couteau suisse du vélo.

Voyage, voyage

Origine, le jeune fabricant de vélos français vendus par Internet, qui vient de se voir décerner le prix du vélo sur route de l’année, le constate : le gravel n’est pas un feu de paille. « Il y a encore quelques années, le monde du cyclisme était victime d’une forme de guerre de religion avec d’un côté les VTTistes et de l’autre les cyclistes sur route. Le gravel a mis tout le monde d’accord », s’amuse Rémi Lefèvre, qui dirige une marque qui arrive à écouler sans problème des gravels haut de gamme et qui a construit une bonne partie de sa renommée sur l’essor de cette discipline.

« Ce n’est pas un effet de mode ou un concept marketing de plus, mais bien une nouvelle approche du vélo. C’est universel, cela permet de faire du vélo entre copains sportifs comme en famille. C’est en plus un peu technique et fun. Et cela correspond à une aspiration très actuelle : se rapprocher de la nature », analyse Jean-Baptiste Le Blan, l’un des cofondateurs de GravelUp, une agence de voyages qui organise des tours de deux à sept jours en gravel, en France comme à l’étranger, et qui connaît un succès grandissant.

Version sportive

Les organisateurs de compétitions sportives ont d’ailleurs pris le train du gravel en marche. Un triathlon avec nage en eau vive, course à pied en version trail et vélo en format « gravier » baptisée Ahuna a eu lieu pour la première fois cette année au Pays basque. Depuis quelques années, le Roc d’Azur, qui, depuis bientôt quarante ans, réunit en octobre à Fréjus des milliers d’amateurs de VTT pour des courses en tous genres, s’est lui aussi converti aux joies du gravel.

Même l’Union cycliste internationale a fini par se rendre à l’évidence, en 2022, en organisant un championnat du monde de gravel. Et en France, la Fédération française de cyclisme est allée jusqu’à s’associer avec l’agence événementielle Hopscotch pour créer France vélo événements, une société commune ayant vocation à développer des événements pour promouvoir le cyclisme et dont l’une des premières manifestations sera un festival du gravel à Châtellerault, à mi-chemin entre Paris et Bordeaux, en octobre prochain. Cette « Gravel Fever » se voudra un festival proposant des randos familiales comme une course ultra de 400 km partant de l’ancienne manufacture d’armes et qui rassemblera food-trucks, exposants, camping… Le gravel n’a pas fini de séduire un public de plus en plus vaste.



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Antoine Girard

Plongeant dans l'art de la plume avec une passion ardente, je suis Antoine Girard, un Artisan du Blogging tissant des récits qui embrassent le monde. Ma formation à l'École Nationale Supérieure de Chimie de Paris a enrichi ma pensée créative. Tel un alchimiste des mots, je distille des articles de nouvelles internationales tout en explorant un vaste horizon de sujets tels que le droit international, le sport, l'immobilier et l'industrie cinématographique. Transparence est mon credo, chaque article reflétant mon engagement envers l'authenticité. Rejoignez-moi dans ce voyage où les mots évoquent des images vivantes, où le droit se marie avec l'action, où les terrains de jeu se mêlent à l'écran argenté, et où chaque ligne écrit l'histoire de notre monde en mouvement.

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