Politique

Pologne : malgré la victoire de Donald Tusk, un changement radical … – EURACTIV France


Les résultats des élections polonaises ont été bien accueillis dans plusieurs capitales européennes, beaucoup y voyant la fin possible d’un bras de fer avec Bruxelles si l’opposition arrive à former une coalition. Mais derrière le charisme de l’ancien président du Conseil européen et leader de l’opposition Donald Tusk, certains observateurs affirment qu’un changement radical de politique n’est pas au goût du jour.

Nombreux sont les observateurs à avoir décrit la fin du gouvernement conservateur Droit et Justice (PiS) comme la marque d’un changement vers plus de démocratie en Pologne. Une victoire de la Plateforme civique (PO), avec à sa tête Donald Tusk, mettrait fin aux relations conflictuelles que la Pologne a pu entretenir avec l’UE, alors que ce mouvement d’opposition n’a jamais caché ses positions pro-européennes.

Mais, quelque 24 heures après le vote, certains tentent de voir à travers le charisme de l’ancien président du Conseil européen.

« L’arrivée au pouvoir de l’opposition actuelle ne signifie pas que la position de Varsovie sur plusieurs questions clés changerait aussi radicalement que Bruxelles voudrait le croire », a déclaré Sławomir Domaradzki, un analyste politique de l’université de Varsovie, à Euractiv Pologne.

La Pologne et la Hongrie se sont farouchement opposées à la réforme européenne sur l’asile et les migrations. Le PiS avait refusé d’accepter les demandeurs d’asile et n’a pas non plus accepté de contribuer financièrement, comme les règles européennes le lui obligent.

Donald Tusk ou Donald Trump ?

Pendant la campagne électorale, le PiS a affirmé que M.Tusk succomberait à la pression de l’UE et autoriserait des milliers de réfugiés à entrer en Pologne s’il arrivait au pouvoir.

« PO dit essentiellement “oui” à toutes les propositions des institutions européennes », a déclaré l’eurodéputé PiS Zdzisław Krasnodębski à Euractiv Pologne, ajoutant qu’il s’attendait à ce que l’opposition approuve le pacte migratoire de l’UE si elle formait un gouvernement.

Une accusation qu’a démentie le parti de M. Tusk.

« Nous n’accepterons certainement aucune solution qui conduirait à l’augmentation du nombre de migrants en Pologne », a déclaré Jan Grabiec, porte-parole du PO, à Euractiv Pologne.

Comme la Pologne a reçu des millions de réfugiés de guerre d’Ukraine, dont beaucoup sont restés sur place, elle ne devrait pas être forcée d’accepter encore plus de migrants, a-t-il dit.

La scène politique polonaise partage en ce sens une lecture très conservatrice de l’immigration et du principe de relocalisation. Toutefois, ces derniers mois, M. Tusk a surpris en adoptant un ton particulièrement dur sur cette question.

En juillet, il a publié une vidéo dans laquelle il reprochait au PiS de laisser entrer des milliers de migrants « en provenance de pays islamiques ». Dans cette même vidéo, il dit s’opposer au programme de relocalisation européen, qu’il considère comme une menace pour la sécurité de la Pologne. « Le peuple polonais doit reprendre le contrôle de son pays et de ses frontières », indique le titre de la vidéo.

La Pologne doit chasser le gouvernement PiS afin de prévenir la menace qui se profile à l’horizon, a déclaré M. Tusk, en faisant référence aux immigrés musulmans.

Après avoir publié la vidéo, il a été accusé par d’autres partis d’opposition d’alimenter les préjugés racistes.

Le député de gauche Maciej Konieczny a demandé s’il s’agissait toujours de Donald Tusk ou peut-être de Donald Trump, qualifiant la déclaration de M. Tusk de  « pure folie ».

Des incertitudes sur d’autres questions

Si M. Tusk peut surprendre les institutions européennes avec la question migratoire, on peut en dire autant de sa politique économique, car certaines décisions impopulaires ont éclipsé son héritage en tant que Premier ministre entre 2007 et 2014.

Lorsque le PO était au pouvoir avec M. Tusk comme Premier ministre, il a porté l’âge de la retraite à 67 ans, tandis que le PiS l’a abaissé à 65 ans pour les hommes et à 60 ans pour les femmes lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2015.

Pendant la campagne électorale, le PiS s’en est pris à M. Tusk, affirmant qu’il relèverait à nouveau l’âge de la retraite et qu’il vendrait la plupart des entreprises publiques à des sociétés étrangères.

Malgré le charisme et la popularité de M. Tusk, les inquiétudes concernant ses politiques économiques demeurent donc.

Ces craintes ont été alimentées par une déclaration de l’économiste libéral Bogusław Grabowski, que M. Tusk a nommé à son conseil économique en 2010 lorsqu’il était premier ministre. Dans une interview accordée au début de l’année, M. Grabowski a appelé à l’allongement du temps de travail, à la privatisation des entreprises énergétiques publiques et à l’adoption de l’euro par la Pologne.

Le porte-parole du gouvernement PiS, Piotr Müller, a affirmé que si M. Tusk devenait chef du gouvernement, « il se tiendrait devant la chancellerie du Premier ministre avec une pancarte indiquant “Pologne à vendre” ».

M. Tusk s’est toutefois distancié des « opinions personnelles » de M. Grabowski, affirmant qu’elles « n’ont rien à voir avec le programme du PO », selon l’Agence de presse polonaise (PAP). Il a promis que « nous ne relèverons pas l’âge de la retraite après avoir gagné les élections ».

« Les médias liés au PiS essaieront de vous convaincre qu’une victoire du PO aux prochaines élections signifie un relèvement de l’âge de la retraite. Ce n’est pas le cas », a-t-il déclaré.

Sa position sur les privatisations d’entreprises publiques reste en revanche floue. Interrogé à ce sujet lors du débat préélectoral, il s’est contenté de citer les exemples de vente d’entreprises publiques par le gouvernement PiS à des géants étrangers, dont Saudi Aramco.

Euractiv Pologne n’a pas obtenu de réponse des responsables du PO sur la position du parti concernant la privatisation des principaux actifs de l’État et ses plans pour la gestion des secteurs économiques clés.





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Lucas Leclerc

Tel un mélodiste des pixels, je suis Lucas Leclerc, un Compositeur de Contenus Digitaux orchestrant des récits qui fusionnent la connaissance et l'imagination. Mon passage à l'Université Catholique de Lyon a accordé une symphonie à ma plume. Telle une partition éclectique, mes écrits se déploient des arcanes de la sécurité internationale aux méandres de la politique, des étoiles de la science aux prédictions des bulletins météo. Je navigue entre les lignes avec la même aisance qu'un athlète soucieux de sa santé. Chaque article est une note de transparence, une mélodie d'authenticité. Rejoignez-moi dans cette composition numérique où les mots s'entremêlent pour former une toile captivante de connaissances et de créativité, où la sécurité mondiale danse avec les étoiles, où les sphères politiques se fondent avec la météorologie, et où chaque paragraphe est une sonate pour la compréhension globale.

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