« Si le PS sort de la Nupes, il devra reconnaître ce qu’il est advenu … – Le Monde

Le plus frappant dans la grave crise qui secoue la gauche française est la difficulté qu’éprouve le Parti socialiste à se positionner. Depuis que Jean-Luc Mélenchon et sa garde rapprochée ont refusé de qualifier le Hamas d’organisation terroriste, ce parti qui a été la tête de pont de la gauche plurielle, qui a porté au pouvoir deux présidents de la République (François Mitterrand et François Hollande), qui a assuré pendant vingt ans le gouvernement de la France n’avait toujours pas été capable de dire ce qu’il convenait de faire au regard de son histoire et de ses valeurs.
Trois hypothèses sont possibles. La première, radicale, serait de rompre franchement avec La France insoumise (LFI) et son fondateur, en constatant que, mois après mois, l’« insoumis » s’ingénie à dynamiter ce qu’il reste du courant socialiste auquel il a naguère appartenu. La deuxième, moins spectaculaire, serait de condamner les méthodes de Jean-Luc Mélenchon sans remettre en cause l’alliance avec LFI. La troisième, peu valeureuse, serait de faire, une nouvelle fois, le gros dos, en montrant un peu les dents, mais un peu seulement.
Un conseil national s’annonçant particulièrement houleux était programmé samedi 14 octobre. Il a été décalé à la soirée du mardi 17 octobre, au prétexte du contexte dramatique lié à l’assassinat de Dominique Bernard, l’enseignant tué par un ancien élève radicalisé à Arras.
Le résultat de ce report est que le Parti communiste français (PCF) y a gagné une exclusivité. Il a été le premier au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) à se prononcer en faveur d’un « nouveau type d’union » de la gauche après avoir constaté « l’impasse » dans laquelle mène l’actuel attelage. Adoptée à 92,8 % du conseil national, la résolution reste cependant en deçà de la rupture plus franche avec LFI qu’espérait le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.
L’illusion est en passe de se dissiper
Que le PS soit, comme son partenaire communiste, révulsé par les prises de position de Jean-Luc Mélenchon ne fait aucun doute. Ni le combat historique de la gauche pour les droits du peuple palestinien ni le calcul cynique consistant à flatter l’électorat musulman sur fond de tensions communautaires ne sauraient justifier ce à quoi aboutit la prise de position du chef de file de LFI : refuser de dénoncer les actes barbares commis contre des civils par une organisation terroriste islamiste dont le but est la destruction d’Israël.
Carole Delga, la présidente de la région Occitanie, a évoqué une « faillite morale » ; la maire de Paris, Anne Hidalgo, a jugé « insoutenables » les positions de l’« insoumis », en réitérant son souhait que soit rompue « cette mésalliance » ; le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a cosigné avec ces deux élues et d’autres responsables socialistes une tribune sur Lemonde.fr, lundi 16 octobre, appelant à « la suspension immédiate » de toute action politique collective avec LFI et militant pour inventer « de nouvelles formes à la nécessaire unité de la gauche et des écologistes ». Le 10 octobre, en bureau national, l’élu rouennais avait tenté de faire adopter une résolution de ce type, sans succès.
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