Cinéma

Cinéma : « Killers of the Flower Moon » de Scorsese, une épopée … – Sud Ouest


Quatre-vingts ans, et plus jeune que jamais. Dans son nouveau long métrage, le 27e, non seulement Martin Scorsese s’attaque à un genre auquel curieusement, lui, l’immense disciple du septième art américain, ne s’était jamais mesuré, le western, mais il renouvelle sa manière de mettre des récits épiques en images. Il privilégie cette fois les plans larges, sobres, somptueux, choisit une réalisation moins fiévreuse que par le passé, une tonalité plus grave, semble rechercher davantage la profondeur que la fulgurance.

Peut-être, sans doute…

Quatre-vingts ans, et plus jeune que jamais. Dans son nouveau long métrage, le 27e, non seulement Martin Scorsese s’attaque à un genre auquel curieusement, lui, l’immense disciple du septième art américain, ne s’était jamais mesuré, le western, mais il renouvelle sa manière de mettre des récits épiques en images. Il privilégie cette fois les plans larges, sobres, somptueux, choisit une réalisation moins fiévreuse que par le passé, une tonalité plus grave, semble rechercher davantage la profondeur que la fulgurance.

Peut-être, sans doute même, car il voulait se montrer digne de ceux à qui il rend cet hommage empreint de honte et de colère : les Amérindiens de la tribu Osage. Les sacrifiés, longtemps invisibles, de la conquête de l’Ouest. Il a d’ailleurs multiplié, pendant l’écriture, les rencontres avec des membres de cette communauté, et invité plusieurs d’entre eux à monter les marches, à Cannes, avec l’équipe du film. Autre signe de son engagement dans ce projet : il lui a fallu six ans de travail pour concevoir cette fresque sombre et ample.

Pendant un peu plus de trois heures, le réalisateur de « Taxi Driver » déploie son regard dans les plaines majestueuses, fantomatiques du Midwest. Là où tout, ou presque, a commencé.

Entre mafia et cowboys

Nous sommes au début du XXe siècle. Les Osage vivent confinés en Oklahoma sur ordre du gouvernement américain. Or ces terres désolées s’avèrent gorgées de pétrole. Un miracle, et une malédiction. Les tribus indiennes deviennent la proie d’une faune de spéculateurs, d’assassins. Le mythe américain s’esquisse à peine qu’il est déjà entaché de violence et de cupidité.

Parmi ces escrocs, William Hale (impeccable Robert de Niro, tout en roublardise), alias « King ». Un propriétaire de bétail, mi-bandit mi-prophète, homme d’argent qui se prétend homme de foi. Un mafieux dans le monde des saloons et des Stetson. Il cherche à entraîner son neveu, Ernest (Leonardo DiCaprio), 20 ans et des poussières mais déjà usé par la vie, dans une conspiration pour ravir la fortune d’une Amérindienne. Tout cela alors que des meurtres d’Indiens se succèdent, au point de susciter une enquête de détectives venus de Washington, pilotés par un certain Edgar Hoover.

L’étau, petit à petit, se resserre sur William et Ernest. Lequel s’éprend de la riche Indienne qu’il est censé piéger, Mollie Kylie (Lily Gladstone). On peut regretter que le récit, centré sur la relation entre l’oncle et son neveu, laisse peu de place aux personnages indiens, mais Lily Gladstone gomme par son jeu impérial cette relative relégation. Elle incarne avec grandeur un peuple anéanti.

Martin Scorsese reste fidèle à ses obsessions. Cette histoire lui offre une nouvelle occasion d’explorer la voracité, la folie du pouvoir, la duplicité des hommes, et la part obscure du « rêve américain ». Le cinéaste nous rappelle combien la prédation, des terres et des êtres, est constitutive de son pays.

Dernière heure éblouissante

Il retrouve son frère de cinéma Robert de Niro (10 longs métrages ensemble depuis « Mean Streets » en 1973) et Leonardo DiCaprio, prince de la mythologie scorsesienne depuis « Gangs of New York » en 2002. Le comédien a d’ailleurs joué un rôle décisif dans la genèse de « Killers of the Flower Moon » : c’est lui qui a acheté, en 2017, les droits du manuscrit de l’écrivain David Grann, dont le film est une adaptation.

À Cannes, l’acclamation fut quasi-totale. Mais nobody’s perfect comme disait Billy Wilder et si elle est dense et grandiose, on peut juger cette superproduction trop longue. La mise en place paraît lente, avant un crescendo dans le récit, de plus en plus captivant à mesure que l’enquête cerne l’oncle et son neveu véreux. La dernière heure est éblouissante, vertigineuse. « Killers of the Flower Moon » sort ce mercredi 18 octobre : Martin Scorsese mérite, au box-office, avec cette proposition qui relève autant du blockbuster que du pur film d’auteur, de décrocher la lune.

« Killers of the Flower Moon », de Martin Scorsese, avec Leonardo DiCaprio, Robert De Niro, Lily Gladstone. Durée : 3 h 26. Sortie en salle le mercredi 18 octobre.

Une production Apple

En 2018, Martin Scorsese avait tourné le dos aux studios : c’est Netflix qui avait financé « The Irishman », en contrepartie de l’exclusivité du long métrage sur la plateforme. Cette fois, « Killers of the Flower Moon » est produit par Apple, en association avec Paramount. Fait nouveau, et qui en dit long sur le retour en grâce des salles : Apple a choisi de sortir le film dans les cinémas, avant de le proposer en ligne sur sa plateforme.



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Antoine Girard

Plongeant dans l'art de la plume avec une passion ardente, je suis Antoine Girard, un Artisan du Blogging tissant des récits qui embrassent le monde. Ma formation à l'École Nationale Supérieure de Chimie de Paris a enrichi ma pensée créative. Tel un alchimiste des mots, je distille des articles de nouvelles internationales tout en explorant un vaste horizon de sujets tels que le droit international, le sport, l'immobilier et l'industrie cinématographique. Transparence est mon credo, chaque article reflétant mon engagement envers l'authenticité. Rejoignez-moi dans ce voyage où les mots évoquent des images vivantes, où le droit se marie avec l'action, où les terrains de jeu se mêlent à l'écran argenté, et où chaque ligne écrit l'histoire de notre monde en mouvement.

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