Attentat d’Arras : « Pour notre santé mentale, il faut en parler » – Ouest-France
L’assassinat d’un professeur près de son établissement nous implique tous émotionnellement. « Et sa répétition est forcément inquiétante », reconnaît le Pr Nicolas Franck. Pour le psychiatre hospitalier, « il est important d’en parler, de ne pas se résigner, de dire que l’on n’accepte pas. » Et les moments d’hommage sont nécessaires pour bien signifier que « l’événement est considéré à la hauteur de ce qu’il mérite. » La réponse commune atténue le traumatisme individuel.
La santé mentale des Français n’est cependant pas au top. Le dernier point mensuel de Santé Publique France, daté du 2 octobre, notait les habituelles poussées de stress des jeunes au moment de la rentrée scolaire.
Mais avec une hausse plus marquée que les années précédentes pour les gestes suicidaires chez les18-24 ans, et pour les troubles de l’humeur chez les 18-24 ans et les 11-14 ans. Tandis que l’étude des données de SOS Médecins indiquait des prescriptions pour états dépressifs à des niveaux plus élevés que les années précédentes.
Il faut « reprendre en main notre rapport à l’actualité »
La population française n’a pas retrouvé son niveau de santé mentale d’avant Covid-19. Et si elle ne manque pas de raisons objectives, il faut « reprendre en main notre rapport à l’actualité. Les réseaux sociaux sont stressants avec la mise en avant en continu d’actualités délétères. » Cette mise en état d’alerte permanent est « inadaptée aux besoins de la psyché humaine. On a vraiment besoin de déconnecter », assure le psychiatre, qui publiera mi-novembre chez Odile Jacob un livre intitulé : Protéger sa santé mentale après la crise.
Parmi ses conseils : « Éviter de se précipiter le matin sur son fil d’infos, se donner des temps de déconnexion et des temps pour suivre l’info. Absolument désactiver les notifications des applications. Spécialement la nuit. »
Et comment éviter la perte de confiance en l’avenir qui semble toucher un nombre croissant de jeunes ? : « C’est vrai, pour être rassuré, il faut des perspectives positives. Le manque d’avancées communes sur le climat, a notamment un impact. Faute de perspectives collectives, il faut au moins en avoir pour soi », conseille le psy. Aider les plus jeunes (et soi-même), à réfléchir à ce qui importe, comment être plus respectueux de l’environnement et de soi. Pour ne pas laisser gagner le sentiment d’impuissance.