Dans le temps additionnel des prolongations face au Panathinaïkos (2-1, t.a.b. 3-5), mardi soir, le stade Vélodrome, qui avait vrombi à trois reprises jusque-là (dont un but finalement refusé à cause d’une position de hors-jeu), s’est levé comme un seul homme pour pousser celui qui pouvait devenir son héros : Ruben Blanco.
Devant leur télévision ou au stade, les supporters marseillais se sont mis à rêver un destin à la néerlandaise : en quarts de finale de la Coupe du monde 2014 contre le Costa Rica (0-0, t.a.b. 4-3), le sélectionneur batave Louis Van Gaal avait tenté ce coup tactique en remplaçant Jasper Cillessen par l’expérimenté Tim Krul. Ce dernier avait arrêté deux tirs au but et qualifié sa sélection pour le dernier carré du Mondial.
Ainsi, les Marseillais voyaient en Ruben Blanco le nouveau spécialiste des séances de tir au but. Élancé (1,88 m), et fort sur sa ligne, le gardien international Espoirs avec l’Espagne semblait en avoir les prédispositions techniques et athlétiques. Mais, en réalité, l’entraîneur olympien tentait un coup de poker sans carte majeure.
1 pénalty arrêté sur 30
Le portier numéro 2 possède des statistiques peu élogieuses en sa faveur : avant la séance de tirs au but, mardi soir, sa première en carrière, il n’avait arrêté qu’un seul penalty, toutes compétitions confondues, sur 30 tentatives adverses. Pis, il n’avait stoppé aucune tentative à onze mètres en 21 rencontres de Liga – deux penalties ont été manqués par le joueur adverse.
Avec ces statistiques, Ruben Blanco est le quatrième gardien, parmi les cinq grands Championnats européens, ayant subi le plus de penalties sans en arrêter un seul depuis qu’Opta analyse toutes les compétitions (21). Derrière le gardien de l’Udinese, Marco Silvestri (29), l’international suisse passé par le Borussia Dortmund, Roman Bürki (23) et l’ex-gardien du Fortuna Düsseldorf, Michael Rensing (22).
Un coup de poker mental ?
Donc pourquoi Marcelino a procédé à ce changement ? Tout d’abord, l’aspect mental est un élément essentiel d’un affrontement aux tirs au but. Le gardien cherche par sa préparation, ses appuis, sa communication, à déstabiliser le frappeur adverse.
Et, avec ce coup de poker, l’entraîneur espagnol aurait pu mettre le doute dans l’esprit des attaquants grecs, dont Fotis Ioannidis, qui avait battu Pau Lopez quelques minutes plutôt.
Les statistiques de Pau Lopez ne sont pas non plus glorieuses. Le portier espagnol a encaissé 50 buts sur penalty et tirs au but sur 57 subis (87 % penalties encaissés, soit autant que Ruben Blanco) depuis le début de sa carrière, toutes compétitions confondues.
Le gaucher en a arrêté six (11 % d’arrêts sur penalty, contre 3 % pour Blanco), dont deux (sur treize tentatives) sous le maillot de l’OM. À titre de comparaison, le gardien de l’équipe de France Mike Maignan n’a encaissé que 33 des 52 penalties et tirs au but qu’il a subis, soit un taux de réussite de 37 %. Ce mercredi, il est difficile de dire si le choix de Marcelino était judicieux. L’entraîneur espagnol a tenté, mais il s’est brûlé, sans regrets. « Je ne regrette pas le changement de gardien avant les tirs au but, a-t-il assuré à l’issue du match. C’est une discussion qu’on avait prise avec tout le staff et que j’assume. Le destin ne voulait pas qu’on se qualifie aujourd’hui. »
