Lieux d’accueil parent-enfant, informations, colloques, la Caisse d … – Le Berry Républicain
Une trentaine de pages, des éléments du contexte socio-économique et du profil des allocataires, une mise en lumière des dispositifs existants ou déployés récemment. Le rapport d’activité de la Caisse d’allocations familiales (Caf) du Cher pour l’année 2022 livre le portrait d’une administration en constante adaptation et de ses interventions dans le département. Il offre, aussi, le portrait d’un acteur incontournable de la solidarité nationale, particulièrement sensible aux grandes évolutions contemporaines, aux grands bouleversements.
“Nous sommes vecteur d’apaisement des crises, d’amortisseur, de réduction des inégalités”, souligne Charles Collin, le président du conseil d’administration de la Caf du Cher. “En 2022, dans un contexte d’inflation marquée, nous avons ainsi versé une aide pour les ménages les plus modestes. Nous nous sommes également mobilisés financièrement, à hauteur de 80.000 euros, sur l’accueil de réfugiés ukrainiens. L’année 2020 avait également vu la mise en place d’une aide de solidarité Covid et un soutien important de nos partenaires dans un moment où tout était à l’arrêt”, poursuit Jérémie Audoin, le directeur de la Caf du Cher. Et de remonter encore dans le temps, pour montrer la perméabilité et la réactivité face aux crises.
La Caisse d’allocations familiales du Cher face au défi de l’accès aux droits
“En janvier 2019, dans le cadre des mesures d’urgence économiques et sociales faisant suite au mouvement des gilets jaunes, la prime d’activité a été fortement revalorisée. À la suite de ce mouvement qui a mis en évidence les difficultés des familles monoparentales, l’intermédiation financière des pensions alimentaires a été mise en place puis systématisée afin d’éviter les impayés et les tensions post-séparation”. Avec ce nouveau cadre inspiré du modèle québécois, présenté comme une mesure de justice sociale et en faveur de l’égalité entre femmes et hommes, la Caf (ou la Mutualité sociale agricole) se charge désormais de la perception et du versement de la pension alimentaire. En cas de défaut de paiement, c’est elle qui procède au recouvrement de la somme et verse en attendant au parent bénéficiaire l’allocation de soutien familial de 116 euros par enfant et par mois.
“L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs qui ont pour finalité l’intérêt de l’enfant. Les parents ont l’obligation d’entretien et d’éducation des parents vis-à-vis de leurs enfants. On ne peut priver un enfant de chances de réussite parce qu’un parent ne remplit pas l’obligation alimentaire”, avance Jérémie Audoin. Et d’insister sur un des rôles clefs de la Caf : “l’accompagnement des parents dans leur rôle, dans leurs responsabilités éducatives, dans leur capacité à subvenir aux besoins fondamentaux des enfants”, et ce dans un contexte de profonde transformation de la famille et des rapports entre parents et enfants. Parmi les grandes transformations relatives à la structure des familles au cours des décennies écoulées : l’émergence des familles monoparentales.
Formées à 85 % par des femmes, elles constituent aujourd’hui près d’un foyer sur cinq en France. En 2020 (*), 23% des ménages allocataires de la Caf des quartiers prioritaires de Bourges Plus (Val d’Auron et Bourges nord) étaient des familles monoparentales (58 % parmi les familles résidant dans ces quartiers). Derrière ces chiffres, des enjeux en termes d’accès à l’emploi, de modes de garde, d’offres de prise en charge des enfants sur le temps périscolaire ou pendant les vacances.
Jérémie Audoin, directeur de la Caf du Cher, et Charles Collin, président du conseil d’administration de la Caf du Cher
“Si la Caf verse des prestations financières, dont les allocations familiales, elle développe parallèlement des actions et services permettant de soutenir les parents dans leur rôle, quelle que soit la configuration familiale”. Parmi les dispositifs soutenus par la Caf : les lieux d’accueil enfant-parent (Laep). On en compte, à ce jour, six dans le Cher, portés par des collectivités ou associations : deux sur la communauté de communes des Terres du haut Berry, deux sur l’agglomération de Bourges Plus, un à Vierzon et un à Saint-Florent. “Ce sont des lieux d’accueil de parents avec leur enfant. Il ne s’agit pas d’un mode de garde, mais un lieu où le parent vient passer du temps avec son enfant, où il est accueilli par des professionnels de la petite enfance et des bénévoles formés aux questions de parentalité, à la dimension d’écoute et d’accueil. C’est l’occasion de passer un temps privilégié, de renforcer le lien enfant/parent, mais aussi d’échanger sur les questions qui préoccupent au quotidien les parents : l’autorité, le rapport aux écrans…”, poursuit le directeur de la Caf du Cher, qui aimerait voir émerger d’autres sites dans le département, “un dans chaque grand bassin”. Pour mettre en lien les structures, partager sur les voies du soutien à la parentalité et au rôle de ces Laep, une journée de réflexion et d’échanges d’envergure régionale avait été organisée à Vierzon en octobre.
Autre temps de réflexion collective qui a marqué 2022 : un colloque organisé en avril par le réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement à la parentalité du Cher (Reaap 18), dont les objectifs sont de soutenir les familles dans l’exercice de leur rôle parental, rompre l’isolement des parents en favorisant rencontres, échanges et partages d’expériences, et valoriser les savoir-faire des parents. La thématique de ce colloque : “Être parent aujourd’hui dans nos territoires”. C’est aussi le Reaap 18, avec les Promeneurs du Net, réseau de professionnels assurant une présence éducative sur les réseaux sociaux, qui a orchestré le projet “Cap vers le Net” dans le quartier de Bourges nord. Au programme : des rencontres, des animations, des séances d’information sur l’utilisation des écrans, une sensibilisation au numérique en famille.
La parentalité, c’est, aussi, au travers de la séparation qu’elle est abordée. Depuis 2017, la Caf du Cher propose des séances d’information collective “Être parent après la séparation”, animées par des juristes du conseil départemental de l’accès aux droits et du centre d’information sur les droits des femmes et des familles, des médiateurs familiaux de l’association Relais enfance et famille et des travailleurs sociaux de la Caf. Impacts psychologiques d’une séparation sur les enfants et parents, importance de la communication entre parents, questions sur les droits et devoirs : différents aspects sont explorés.
Une palette de dispositifs pour œuvrer à l’appui des parents, couvrir les risques de fragilisation financière et de rupture des liens familiaux. Pour sécuriser un cadre. Celui dans lequel se construisent les vies.
(*) Portrait de quartier prioritaire – QP de Bourges Plus, Compas, Mai 2022
Les grands chantiers de l’année 2023
La nouvelle convention d’objectifs et de gestion pour 2023-2027 liant l’État et la branche Famille de la Caisse nationale des allocations familiales a été votée. Au cœur de cette nouvelle programmation : la création du service public de la petite enfance.
“2023 s’annonce comme une année de grandes évolutions “, avance Charles Collin. En cause : la signature de la convention d’objectifs et de gestion entre État et Cnaf pour la période 2023-2027, qui fixe les priorités d’intervention et les moyens des Caf pour les cinq prochaines années. “Nous aurons deux grands chantiers à mettre en œuvre, poursuit Jérémie Audoin. Le premier : le service public de la petite enfance. Il y a sur la question du jeune enfant un décalage entre la demande et l’offre de garde. Des parents ont parfois du mal à trouver des modes de garde pour leurs enfants, que ce soit en accueil collectif qu’en accueil individuel par une assistante maternelle. Les territoires sont très inégaux de ce point de vue. L’enjeu, c’est : comment on soutient davantage encore les collectivités, le secteur associatif voire le secteur privé pour développer et pérenniser les structures collectives de garde, et comment on travaille à renforcer l’attractivité des métiers”.
Deuxième sujet qui mobilisera les Caf dans les prochaines années : la mise en place de la solidarité à la source pour les bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) et de la prime d’activité afin de lutter contre le non-recours aux prestations et fiabiliser les déclarations. “La première brique de ce chantier commence fin juillet : pour les salariés du secteur privé, les bulletins de paie évoluent avec l’apparition d’une nouvelle ligne, le montant net social. Il s’agit du montant de référence à déclarer par un allocataire du RSA ou de la prime d’activité sur sa déclaration trimestrielle de revenus. En janvier prochain, cette ligne apparaîtra pour les personnes relevant de la fonction publique. À partir du second semestre 2024, les Caf enverront des formulaires préremplis pour les déclarations trimestrielles de ressources concernant le RSA et la prime d’activité”.
Valérie Mazerolle
