En compétition, les triathlètes doivent s’accommoder des eaux … – Le Monde

Pour être triathlète, mieux vaut avoir l’estomac bien accroché. Derrière la carte postale proposée par des courses urbaines organisées dans les plus belles villes du monde, la discipline soulève de nombreux défis sanitaires. Pollution, rats, déchets flottants non identifiés, métaux lourds… Les participants nagent souvent en eaux troubles.
Pierre Le Corre en a récemment fait les frais. Depuis sa victoire sur l’étape des championnats du monde de Sunderland (Royaume-Uni), le 30 juillet, le Français souffre de maux intestinaux persistants. « J’ai été intoxiqué après avoir ingurgité de l’eau lors du départ. Je prends des pastilles de chlore, des probiotiques et parfois du Smecta [un antidiarrhéique] en amont des courses pour éviter ce genre de situation, mais malgré tout, ça arrive régulièrement. »
Et il n’est pas le seul : cinquante-sept athlètes ont développé des symptômes. Quelques jours après le rendez-vous britannique, les relevés d’analyse de l’eau ont montré que les taux d’Escherichia coli – une bactérie présente dans les matières fécales – étaient trente-neuf fois supérieurs à la normale.
Le Vannetais se prépare pourtant à disputer dans la Seine le « test event » de Paris (du 17 au 20 août), répétition générale avant les Jeux olympiques (JO) de l’été 2024. Nager dans le fleuve qui traverse la capitale ? « Il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas top pour la santé, reconnaît le champion du monde de relais mixte, qui avait déjà goûté ces flots en 2012 lors du triathlon de Paris. Mais s’ils nous disent que c’est feu vert, je ne me poserai pas de question. On a pris l’habitude de se taire et d’y aller. »
En milieu urbain
Le problème concerne principalement les compétitions, qui se déroulent dans leur majorité en milieu urbain. « Quand je suis arrivé, ça m’a étonné de voir où étaient organisées les courses, surtout la partie natation, explique Daniel Hirt, médecin des équipes de France de triathlon. Mais il faut comprendre que, pour la fédération, ce n’est pas la même chose d’organiser l’épreuve au cœur de Paris, à deux pas de la tour Eiffel, ou dans la Creuse. Il faut donc trouver des compromis. »
Ce compromis, World Triathlon, l’instance qui régit la discipline à l’échelle mondiale, l’a établi en instaurant un référentiel de qualité de l’eau, fondé sur les normes européennes les plus exigeantes. La prise de conscience s’est matérialisée entre 1998 et 2013, du fait de la multiplication des cas de leptospirose, une maladie véhiculée par l’urine de rat et potentiellement mortelle. La fédération française, par l’intermédiaire de son médecin, Claude Marblé, avait eu un rôle actif dans l’élaboration du protocole international.
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