Politique

TRIBUNE Israël-Palestine : la solution à deux États est-elle viable ? – L’Humanité


Thomas Vescovi

Chercheur indépendant en histoire contemporaine

L’apartheid à un ou deux États ? Jusqu’aux crimes de guerre perpétrés par le Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre, nous assistions à une recrudescence des initiatives binationalistes entre Israéliens et Palestiniens. Bien que nettement minoritaires, elles stimulent la réflexion en rouvrant le champ des possibles dans un univers où plus rien ne semble en capacité de réunir les sociétés et de redonner une perspective à une situation souvent décrite comme insoluble.

État commun, État confédéral, État binational… Ces projets politiques diffèrent sur plusieurs points, mais se rejoignent dans le souhait de bousculer l’idée que seule la solution à deux États puisse porter l’espoir de paix. D’abord en actant l’échec des accords d’Oslo, l’impossibilité pratique d’un État palestinien vu l’étendue de la colonisation, ensuite en refusant le cadre théorique imposé par le « processus de paix » au profit d’un dépassement du paradigme de la séparation entre Israéliens et Palestiniens : quel contrat social pour que les droits de chacun soient respectés ? Surtout, contrairement aux négociations d’Oslo qui ont exclu, totalement ou en partie, le sort des Palestiniens d’Israël et les millions de réfugiés situés à l’extérieur de la Palestine, il s’agit de penser une solution globale et les conditions pour y parvenir.

« À l’heure où ces lignes sont écrites, le traumatisme de la société israélienne est tel que rien ne permet de savoir comment la gauche anticoloniale résistera à la pression militariste. »Thomas Vescovi

Naturellement, tous les débats sur la solution politique la plus adéquate et viable pour résoudre le « conflit israélo-palestinien » sont légitimes. Reste qu’ils écartent parfois, trop rapidement, le fait qu’il ne s’agit pas, entre Israéliens et Palestiniens, d’une opposition entre deux peuples où il ne manque qu’un compromis équilibré et des « interlocuteurs » pacifiques dans chaque camp.

Les relations entre les deux sociétés sont historiquement asymétriques parce que marquées par des décennies de colonialisme et d’occupation israélienne, de dépossession économique et de spoliation des ressources naturelles palestiniennes, qui ont fini par s’incarner dans un régime d’apartheid. Ignorer cet angle, c’est reproduire les erreurs d’Oslo en multipliant les promesses intenables pour les Palestiniens, nourrissant frustration, colère et haine. À l’heure où ces lignes sont écrites, le traumatisme de la société israélienne est tel que rien ne permet de savoir comment la gauche anticoloniale1 résistera à la pression militariste.

La gauche coloniale ou une partie des héritiers du camp de la paix, en revanche, soutiennent ostensiblement une opération militaire de grande envergure, et donc les crimes de guerre ou contre l’humanité que cela comprend, sans considération aucune pour le sort des Palestiniens.

Un État ou deux États ? La question n’a pas grand intérêt dès lors qu’aucun consensus n’émerge, au minimum, sur le droit à la protection, à la sécurité et à la justice pour tous, au profit d’un traitement à géométrie variable où l’intérêt pour le sort des civils varie en fonction de leur appartenance nationale.

  • Thomas Vescovi, l’Échec d’une utopie. Une histoire des gauches en Israël (La Découverte, 2021). ↩︎



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Lucas Leclerc

Tel un mélodiste des pixels, je suis Lucas Leclerc, un Compositeur de Contenus Digitaux orchestrant des récits qui fusionnent la connaissance et l'imagination. Mon passage à l'Université Catholique de Lyon a accordé une symphonie à ma plume. Telle une partition éclectique, mes écrits se déploient des arcanes de la sécurité internationale aux méandres de la politique, des étoiles de la science aux prédictions des bulletins météo. Je navigue entre les lignes avec la même aisance qu'un athlète soucieux de sa santé. Chaque article est une note de transparence, une mélodie d'authenticité. Rejoignez-moi dans cette composition numérique où les mots s'entremêlent pour former une toile captivante de connaissances et de créativité, où la sécurité mondiale danse avec les étoiles, où les sphères politiques se fondent avec la météorologie, et où chaque paragraphe est une sonate pour la compréhension globale.

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