Pourquoi la France externalise la formation de militaires ukrainiens – Le Point

Le ministère des Armées a lancé le 11 août un appel d’offres, repéré par Ouest-France, pour l’appui à la formation des forces ukrainiennes. Très timide avec le secteur privé lorsqu’il s’agit de fonctions régaliennes, le ministère a ainsi ouvert la porte à l’intervention d’entreprises partenaires, probablement en premier lieu celles fondées ou animées par d’anciens militaires français, comme Défense conseil international (DCI, groupe privé issu de la fusion de structures fondées par l’État) ou Themiis. Les candidats ont jusqu’au 15 septembre pour transmettre leur offre.
Trois grands domaines sont concernés par l’appel d’offres : la formation à la mise en œuvre de systèmes d’armes, la formation des postes de commandement des unités de mêlée (infanterie ou blindés) et l’appui aux formations dispensées par les militaires français via la fourniture d’interprètes pour plusieurs langues (français, ukrainien, anglais, polonais et roumain). Cette diversité linguistique laisse supposer qu’une partie des formations pourrait, logiquement, se dérouler au plus près de l’Ukraine, donc en Pologne ou en Roumanie.
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Fonds européens
Les sociétés françaises de formation dans les domaines de la sécurité et de la défense sont largement sollicitées pour accompagner les exportations d’armements et fournir la formation aux États clients, notamment dans le Golfe. Le but : combler le déficit de moyens de formation, accélérer la cadence, le tout sans amputer la formation des militaires français. Ce modèle fonctionne très bien, surtout s’il s’agit de former les Ukrainiens à des matériels donnés par la France, comme les chars légers AMX-10 RC.
À LIRE AUSSIPourquoi la contre-offensive ukrainienne piétineMais ce n’est pas le seul objectif, l’externalisation présente aussi deux autres avantages importants. Premièrement, elle permet de faire appel, en complément des groupes français et sous leur égide, à des entreprises européennes qui seraient plus familières des matériels soviétiques, largement répandus dans l’armée ukrainienne. En plus des formations dispensées par les militaires français, les Ukrainiens pourraient alors profiter de modules spécifiques pour les aider à utiliser leurs équipements au maximum de leurs capacités. Deuxième avantage, cet appel d’offres ouvre la possibilité pour les entreprises françaises de profiter des fonds européens dédiés au soutien militaire à l’Ukraine : il est donc possible qu’elles aient elles-mêmes réclamé cet appel d’offres auprès du ministère des Armées.
Timide ouverture au privé
La formation de militaires par le secteur privé est très peu répandue en France, où les seules entorses de grande envergure dans le domaine militaire concernent le gardiennage des bases (premier niveau de contrôle des entrées et sorties notamment), la restauration ou encore la blanchisserie. En revanche, aux États-Unis, par exemple, le recours au privé est systématique dans certaines branches, parfois les plus prestigieuses.
Ainsi, les pilotes de chasse de l’US Air Force, des Marines et de l’US Navy ont tous recours à des sociétés privées pour jouer les agresseurs dans les scénarios d’entraînement. Ces entreprises, comme Atac ou Draken, mettent en œuvre de vieux chasseurs, y compris des Mirage F1 français, pilotés par d’anciens militaires qui se font une spécialité de titiller les élèves pilotes là où ils ont le plus besoin de progresser.
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