Politique de santé – Le marché de l’emploi britannique affaibli par la … – Bilan

Le marché de l’emploi britannique affaibli par la hausse record des maladies chroniques
La pandémie a révélé l’ineptie de la politique d’austérité appliquée à la santé publique depuis une décennie: 6,1% des Britanniques en âge de travailler sont inactives pour raisons de santé.
Le Covid-long fait partie des pathologies qui font exploser le nombre de personnes qui se disent incapables de travailler.
Marcelo Leal/Unsplash
Ils souffrent d’une fibromyalgie à l’origine de douleurs persistantes ou d’un Covid long qui les empêche de travailler: le nombre de personnes inactives au Royaume-Uni en raison de maladies chroniques s’est envolé depuis la pandémie et pèse sur l’économie britannique.
La part de la population présente sur le marché du travail avait atteint un sommet au début de l’année 2020, mais «la pandémie a vu un renversement soudain et spectaculaire de cette tendance», tirée surtout par des personnes «citant leur mauvaise santé comme principale raison» de leur inactivité, résume l’organisme public de prévision budgétaire OBR.
Début 2023, 2,6 millions de Britanniques en âge de travailler (6,1% du total) se trouvaient hors de la population active pour des raisons de santé, devenant pour la première fois le contingent le plus important de la population économiquement inactive, ajoute l’OBR dans un rapport publié le mois dernier.
Si le taux d’inactivité est reparti à la baisse, les personnes se déclarant hors du marché du travail pour raisons de santé sont quant à elles toujours plus nombreuses.
Dans ses derniers chiffres publiés mardi (dans lesquels il fait état d’un taux de chômage en hausse à 4,2% à fin juin) l’Office national des statistiques britannique (ONS) relève ainsi que le nombre de personnes dans ce cas a «grimpé à un nouveau record».
Pointant dix ans de «politique d’austérité» dans la santé auxquels s’est ajouté l’effet de la pandémie de Covid-19, Chris Thomas, chercheur à l’Institut de recherche britannique sur les politiques publiques (IPPR) assure que ce phénomène «est un frein incroyablement substantiel» à l’économie britannique.
Il «renforce la grande majorité des plus grands défis économiques auxquels le Royaume-Uni est confronté», indique le chercheur à l’AFP. C’est un phénomène qui touche plus le marché du travail britannique que celui d’autres pays comparables, surtout depuis 2020, précise-t-il.
Service de santé en crise
Les personnes inactives pour raison de santé aggravent ainsi les pénuries de main-d’œuvre auxquelles sont confrontés de nombreux secteurs d’activité depuis le Brexit et la réouverture de l’économie post-pandémie de Covid.
Leur nombre croissant met aussi sous pression les finances publiques britanniques, selon l’OBR.
Cela renchérit fortement les dépenses en allocations (de l’ordre de 6,8 milliards de livres (7,9 milliards d’euros) supplémentaires pour l’année fiscale 2023-2024), fait grimper les dépenses de santé et génère un manque à gagner fiscal pour les caisses de l’État, détaille l’organisme public.
Chronic Illness Inclusion (CII), organisation qui aide les personnes souffrant de maladies chroniques, a constaté une évolution depuis la pandémie: les personnes qui s’adressent à elle souffraient autrefois d’un large éventail de pathologies, mais désormais le Covid long «est le principal facteur», constate la coprésidente Fran Springfield.
Le Covid long «a simplement attiré l’attention» sur un problème qui existait depuis longtemps, complète toutefois Simon Lydiard, secrétaire de CII, pointant notamment la situation dans le NHS, service national de santé en pleine crise – qui compte désormais 7,6 millions de personnes en attente de traitement en Angleterre, un record.
Outre l’impact de la pandémie et l’aggravation de certains problèmes de santé spécifiques – en particulier les problèmes de santé mentale -, l’OBR pointe d’autres facteurs, comme une augmentation de l’âge moyen de la population en âge de travailler ou encore la peur de perdre des allocations pour problèmes de santé plus généreuses que d’autres aides publiques.
AFP
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