Julien Odoul, un progressiste au rassemblement national ? – Paris Match

Imposer aux athlètes transgenres de concourir dans leur catégorie d’origine et interdire le port du voile lors des compétitions sportives, tels sont les nouveaux chevaux de bataille du député Rassemblement national (RN) Julien Odoul, entré au Palais-Bourbon en 2022 et cosignataire de deux propositions de loi en ce sens. Cela au nom de la lutte « contre l’invisibilisation des femmes dans le sport ».
Le député de l’Yonne est raide mais l’assume pleinement. Le voile, il l’a déjà mis à l’index en 2019, en plein conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, lorsqu’il y présidait le groupe nationaliste. Une mère coiffée de l’étoffe litigieuse accompagnait la classe scolaire de son fils, venue assister à la réunion publique.
« Madame la présidente, je vais vous demander, s’il vous plaît, au nom de nos principes laïques, de bien vouloir demander à l’accompagnatrice qui vient d’entrer dans cette salle de retirer son voile islamique », réclamait-il sous les huées des oppositions. Jusque dans les rangs RN, la sortie a choqué, la presse faisant état à l’époque d’un SMS de remontrances de Marine Le Pen. Démenti des deux intéressés. Lui préfère désormais rappeler que la séquence « avait eu le mérite d’ouvrir le débat », entraînant la phrase polémique de Jean-Michel Blanquer : « Le voile n’est pas souhaitable dans la société française. »
Son hétérodoxie colle avec un profil pour le moins insolite
Julien Odoul et le RN ont beau être raccord sur l’islam, au moins concernant le fond, il n’en est pas toujours ainsi lorsque les sujets touchent au sociétal. Les raisons des tirs essuyés par l’élu dans son propre camp en 2019 trouvaient parfois racine dans son indulgence vis-à-vis de la procréation médicalement assistée, qu’il n’a « jamais défendue », s’empresse-t-il de souligner.
Il n’empêche, son hétérodoxie colle avec un profil pour le moins insolite. Le petit job lui ayant permis de financer ses études d’« histoire du statut militaire » à la Sorbonne ? « Le mannequinat », qui l’a mené à poser en une du magazine gay « Têtu », puis de son équivalent allemand « Gab », et à tourner une vidéo de charme. « Je ne savais même pas ce qu’était “Têtu” à l’époque », se rappelle en riant celui dont la compagne a accouché d’un petit garçon en mai.
Porte-voix des abolitionnistes de la corrida au sein du RN
Pas le seul thème où l’élu se distingue de ses collègues. En novembre, alors que les députés devaient examiner une proposition de loi de La France insoumise visant à interdire la corrida en France – finalement jamais débattue –, l’élu se faisait le porte-voix des abolitionnistes au sein du RN, allant même jusqu’à inviter un militant de la Ligue des animaux à l’Assemblée nationale quand le groupe comptait une majorité écrasante de défenseurs de la pratique.
La lutte contre les déserts médicaux ? « À titre personnel, quand je vois ma circonscription, je pense qu’on ne pourra pas aller vers autre chose qu’un semblant d’obligation d’installation, au moins temporaire », explique-t-il prudemment quand ses collègues votaient en bloc contre un dispositif allant dans ce sens en juin. Mais qu’on ne s’y méprenne pas. « Je ne suis pas un progressiste, je suis très ferme sur les questions d’immigration et de sécurité », affirme l’élu. Voilà qui devrait rassurer l’état-major frontiste.